Source : Tim Stillman pour Vital Arsenal (18/06/12)

Bob Wilson est un figure bien familière d’Arsenal à travers les générations, que ce soit en tant que joueur, puis coach et présentateur TV. Même maintenant qu’il se consacre pleinement à son association caritative, il est très courtisé par les médias pour parler d’Arsenal, toujours avec beaucoup d’optimisme, n’hésitant pas à raconter des anecdotes, lui qui a vécu plusieurs décennies au Club. Il a aussi forgé pendant cette période une relation spéciale avec les supporters.

Robert Primrose Wilson est né le 30 Octobre 1941 à Chesterfield, Derbyshire, de parents écossais. Sa mère était magistrat, son père ingénieur. Il était le plus jeune de leurs 6 enfants, 2 de ses frères sont morts au combat pendant la seconde guerre mondiale. Très tôt Bob fait preuve de talent en sport, il devient le capitaine de l’équipe Junior de Cricket de Derbyshire. Mais sa vraie passion c’était le football. Le football et sa famille seront les deux choses les plus importantes de sa vie. Il rencontra sa femme Mags  à l’école de Tapton House, et ils se  marieront plus tard en 1964. Ils auront  3 enfants ensemble : John, Anna, et Robert.

Bob WIlson signe à Arsenal en 1963

A Tapton House il montre de grandes qualité de gardien, de bons réflexes et une bonnes concentration – hérité de son passé de cricketeur, ajouté à son courage qui fera son succès. Ses performances ne passent pas inaperçu et Manchester United tape à sa porte alors qu’il n’était qu’un adolescent. Mais son père ne pensait pas que footballeur professionnel soit un bon plan de carrière pour son avenir, il refuse alors les avances d’United. A la place, Bob continuera ses études au Loughborough College, pour devenir professeur.

Alors qu’il étudiait, il jouait comme gardien amateur pour la Reserve de Wolverhampton. C’est lors d’un voyage à Londres en Juillet 1963 qu’il attire l’œil d’Arsenal. Il devient donc gardien de la Reserve d’Arsenal, toujours amateur. Mais en Janvier 1964, Arsenal et lui feront les démarches pour qu’il devienne professionnel. La FA accepte, mais pas la Football League. Wolves était irrité de voir leur ancien joueur partir gratuitement pour devenir professionnel à Arsenal. Bob Wall, le secrétaire d’Arsenal pendant plus de 50 ans, raconte dans son livre « Arsenal From the Heart » que le comité directeur de la League décidera qu’un montant de £7,500 devra être payé aux Wolves. Ce sera fait et Bob Wilson deviendra le premier joueur amateur à être signé avec montant de transfert.

Wilson s’adapte à la vie Londonienne avec sa famille, moins sur le plan professionnel. Bien qu’il ait fait ses début lors d’une victoire 4-0 contre Nottingham Forest le 26 Octobre 1963, il restera longtemps le N°2 derrière Jim Furnell. N’étant pas du genre à se laisser aller, il décide de travailler à mi-temps comme professeur d’Education Physique à Holloway School – parmi ses élève un jeune fougueux du nom de Charlie George. Wilson était très populaire dans sa classe, avec son calme et sa bienveillance naturelle. Mais derrière ça se cache une grande détermination. Des qualités que l’on retrouvera chez son successeur, et ami dont il sera le mentor durant sa carrière à Arsenal  – David Seaman. Dans le DVD « The Highubry Years », Wilson confesse souffrir terriblement du trac avant de rentrer sur la pelouse, mais il disparait une fois sorti du tunnel avec le bruit des supporters.

« J’étais nerveux comme les autres gardiens dans le tunnel. Mais une fois que je rentre sur le terrain je me dis ‘c’est ce que tu a choisis Bob. Vas-y et montre leur ce que tu sais faire’. » Peut-être que désobéir à son père dans ce choix de vie avait redoublé son désir de réussir.

En 1968, Furnell fait une erreur lors des dernières minutes du match contre Birmingham à St Andrews, leur donnant la victoire. Donc lors de la finale de la Coupe de la Ligue, Bertie Mee décide de titulariser le courageux Wilson, contre le Dirty Leeds et son jeu très agressif. Il saisit cette opportunité. Il devient alors l’indiscutable N°1 d’Arsenal, aidant le Club à obtenir 6 clean sheets de suite lors du début de la saison 1968-1969. Mais tout ne fut pas si simple,  il était dans les buts lors de la défaite humiliante de la Coupe de la Ligue de 1969 face à Swindon, alors en 3ème division. Le terrain de Wembley était catastrophique mais c’était une défaite honteuse pour cette équipe d’Arsenal qui n’avait pas gagné un seul titre depuis 16 ans. Toujours prêt à mettre sa tête là où l’attaquant mettra le pied, Bob Wilson a un jeu qui le rend vulnérable aux blessures. A la fin de la saison 1968-1969 il se fracture le bras.

Mai 1971, Arsenal remporte son match à White Hart Lane contre les Spurs, une victoire qui  offre aux Gunners leur premier titre de champion depuis 1953

Mais comme tous ses coéquipiers lors de cette finale, il rebondira rapidement, physiquement comme mentalement. En 1969 Bob Wall dira de Willow – comme on le surnomme à Arsenal  « Je pense que beaucoup de nos supporters seront d’accord avec moi quand je dis que c’est le meilleur gardien d’Arsenal depuis Jack Kesley … Courage et Intelligence sont des qualités essentielles chez un gardien, et Wilson est riche de ces deux qualités ajouté à de grandes capacités ». Bob et ses coéquipiers se vengeront de la défaite contre Swindon lors de la saison 1969-1970 en remportant la Fairs Cup contre Anderlecht à Highbury (la finale se jouait en matchs aller-retour). Le terrain est envahi par les supporters d’Arsenal au coup de sifflet final, Bob dira au supporter  « je ferai le tour d’honneur même si ça me tuera ».

Il a toujours eu une relation spéciale avec les supporters. Il admet qu’il adorait, lorsqu’il gardait les buts devant la North Bank, que les supporters chantent son nom ‘Wilson, Wilson !’. A l’époque la tradition voulait que les joueurs saluent le public une fois que les supporters aient chanté leur nom, une tradition perdue avec le changement de stade. Wilson attend d’arriver dans ses 6 mètres avant de les applaudir, le chant prenant d’un coup plus d’ampleur. Il disait en 2005 « on écoutait toujours lorsque les fans chantaient notre nom, bien sûr que c’était important pour nous ».

Un grand moment de sa carrière de joueur arrive lors des premières semaines de la saison 1970-1971. Les caméras de Match of the Day étaient en place pour filmer le Man Utd de Best, Law et Charlton gagner largement face à Arsenal pour le premier match en couleur* [voir vidéo plus bas]. Lors des premières minutes Wilson sort dans les pieds de Best, il n’avait pas marché dans la feinte qui pourtant mettait systématiquement tous ses collègues gardiens du pays dans l’embarras. Bob a gardé une photo de ce duel chez lui, dédicacé par George Best. Arsenal gagne le match 4-0.

Sur le plan sportif, sa plus grande réussite arrive cette saison-là, Arsenal gagne le doublé Coupe – Championnat en 1971. Willow est nommé par les supporters meilleur joueur de l’année. Ses performances ont attiré l’œil du sélectionneur écossais Tommy Docherty. La FIFA avait alors changé ses règles sur l’éligibilité.  Wilson devient le premier joueur né en Angleterre à jouer pour la sélection écossaise depuis 1873.

En 1972 il se blesse lors de la demi-finale de FA Cup face à Stoke City, ce qui l’empêchera de jouer la finale du centenaire face à Leeds. Jeff Barnett dans les buts ne pourra empêcher la défaite des Gunners. En 1974, à l’âge de 32 ans, après seulement 10 ans de carrière, il prend sa retraite. Bertie Mee l’embauche alors comme entraineur des gardiens. Ses qualités d’éducateurs associé à son passé de gardien feront de lui un parfait entraineur, il gardera ce poste jusque 2003, quand son ami David Seaman partira pour Man City.

Wilson avait d’autres choses à offrir que ses qualités de coach et d’éducateur, très à l’aise avec les medias il a découvert une nouvelle profession : journaliste. Dans son autobiographie, Bob Wall prédit après avoir vu une interview de Wilson pour London Weekend Television «  Il pourrait peut-être faire sa place dans la télévision ou le journalisme ». C’est exactement ce qu’il a fait. BBC l’engage pour présenter Grandstand (l’équivalent de stade 2 en France). Il fait partie du staff de la BBC en tant que présentateur, durant les Coupes du Monde, et matchs de sélection anglaise pendant 20 ans. En 1994 il rejoint ITV et présentera les soirées Champion’s League.  Arsenal a aussi bénéficié de ses talents d’orateur, que ce soit comme speaker dans les grands événements (le dernier match à Highbury étant le plus marquant), ou pour les Members Days, ou Q&A, ainsi que consultant sur Arsenal Player. Il est même le narrateur du DVD 2004-2005 Arsenal Season Review.

Sa vie n’a pas été épargnée par les tragédies. La plus marquante dans sa vie, en 1997, sa fille Anna est atteinte d’un cancer du système nerveux. En Décembre 1998, à l’âge de 32 ans, Anna perd son combat. Bob le continuera par l’intermédiaire de The Willow Foundation, association qui vient en aide aux jeunes atteint d’un cancer. D’abord régionale, après sa retraite des médias et du football il en profita pour donner tout son temps pour son association, qui devint nationale en 2005. En 2007, Wilson fut récompensé de son travail avec sa fondation par l’Ordre de l’Empire Britannique (OBE).

Bob maintient une affection profonde pour le Club, pour lequel il a participé à 308 matchs. Avec Pat Rice, il partage la distinction d’avoir été les seuls à avoir été impliqués (en tant que joueur puis coach) a 3 doublés nationaux dans l’histoire d’Arsenal. Il possède ‘N5’ sur sa plaque d’immatriculation (en référence à la zone géographique d’Arsenal, Tottenham étant N17). Il est présent au stade à tous les matches à domicile. Autour de l’Emirates on peut lire une des phrases qu’il a dis un jour « ce sentiment quand on portait ce gros canon sur la poitrine partout où l’on allait, mon dieux, on en était fiers! ».

6 Mai 2018, dernier match d’Arsène Wenger à l’Emirates comme manager d’Arsenal, Bob Wilson accompagné par Pat Rice donnent au français le trophée de Premier League doré symbolisant la saison invincible de 2003/04.

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Arsenal v Man Utd en Aout 1970, Les Gunners surprennent le Man Utd de George Best grâce notamment à un décisif Bob Wilson.