source : Herbert Chapman on Football, un recueil de ses colonnes dans le Sunday Express pendant sa carrière d’entraineur à Arsenal.

« Si j’étais un arbitre – que dieu m’en garde d’être jeté au Lions. Le métier de manager est déjà assez dur, les briques de critiques jetées aux managers ne sont rien comparé aux coups que se prennent ces pauvres hommes au milieux du terrain avec leur sifflet. C’est un devoir ingrat, et toujours mal reconnu.

Mais je vais essayer de m’imaginer arbitre, en expliquant comment je contrôlerai un match. Je connais les embûches et les difficultés; comment chaque décision, qu’elle soit juste ou fausse, doivent être prise instantanément. Si il y a bien une chose dont je suis certain: c’est que je resterai ferme, à moins que les circonstances m’obligent à aller voir un de mes collègues sur la touche, et seulement quand je serai convaincu d’avoir mal jugé la situation ou l’incident, je changerai ma décision. L’arbitre qui montre des signes de faiblesse est dans une position d’impuissance. Les joueurs chercheront à l’influencer comme tout ces gens dans les tribunes, qui seront pour eux un élément très perturbateur.

Le meilleur arbitre est celui qui est discret, et je n’irai pas sur le terrain les manches retroussées. C’est un métier d’homme, mais il n’y a aucune raison d’en faire un métier difficile. Ce n’est pas bon qu’un arbitre étale son autorité en adoptant une attitude agressive. Mon objectif serait donc d’être dans le match sans faire de bruit, d’être vu ou entendu le moins possible. Je n’aurai rien d’excentrique comme vêtement. Je ne porterai pas ces uniformes kakis que portent les arbitres écossais. Moins je siffle, mieux je joue mon rôle.

Mais il n’y aura aucun doute sur ma fermeté et mon autorité, et je dois le montrer le plus tôt possible quand j’en ai la chance. La première infraction, je ferai preuve d’une indubitable sévérité. Il faudra faire réaliser à la fois aux joueurs et aux spectateurs que je suis le Boss, et que je ne suis pas prêt à accepter n’importe quoi. De cette manière, j’obtiens le respect, car au fond d’eux, dans leur cœur, les joueurs aiment les arbitres strictes.

C’était peut-être le secret de la popularité de Jack Howcroft. Dès qu’il apparaissait sur le terrain, les hommes savaient que chaque faute serait pénalisé, et qu’ils seraient rapidement en danger si ils n’obéissent pas aux règles. Ils savaient aussi qu’ils auraient les opportunités de jouer dans le bon sens, et c’est ce qu’aiment les joueurs.

De mon expérience, je connais la perspective du joueur par rapport à l’arbitre, je sais que chez eux chaque arbitre à une réputation bonne ou mauvaise. Vous entendez des hommes dire dans le vestiaire « L’arbitre aujourd’hui ne nous laissera rien passer ». Et les joueurs ne tenteront rien d’illégal une fois sur le terrain.

Encore une fois, je ne me laisserai pas influencer ou traiter avec condescendance par les entraineurs et dirigeants. J’aurai en tête que si un jour ils sont content de mon arbitrage, l’autre jour ils seront déçu de moi, et me ridiculiseront. J’essaierai de ne pas mettre trop de pression sur les juges de touche. C’est la facilité, mais c’est méchant et injuste. Je serai toujours disponible à l’aide que me fourniront mes collègues, mais je ferai l’effort de faire le moins possible appel à eux pour prendre une décision. Les moqueries des supporters ne seront que pour moi.

Enfin, je serai plus sévère envers ces pratiques d’intimidations qui sont tellement lâches et méchantes qu’une charge vigoureuse. Le sens du sport va en contradiction avec les sournoiseries. Laissez moi illustrer mon propos avec l’exemple d’un jeune professionnel qui venait de jouer son premier match avec les séniors. Un collègue lui demande ce qu’il a pensé du match, on s’attendait à ce qu’il réponde que la vitesse du jeu était plus rapide, ou quelque chose comme ça. Au lieux de ça, il s’est dit étonné que des joueurs de première classe s’abaissent à des pratiques aussi basses, il a été exploité à ses frais par un vieil international capitaine de son équipe. Il m’a dit a quel point son maillot à été tiré dans le dos, pour l’empêcher d’aller au ballon, et comment il s’est fait plusieurs fois déséquilibré par un petit coup de coude. « Je pensais qu’ils ne faisaient ça qu’en match de reserve » qu’il me dit. »