source : VitalArsenal article de Tim Stillman (07/07/12)

Alex James, le milieux écossais d’Arsenal dans les années 30 était connu pour être capable sur une frappe de balle, de toucher une pièce de 6 pence de l’autre bout du terrain. Pendant une décennie de gloire du Club, lui et Cliff Bastin formaient un duo qui a permit au Club de marquer de nombreux buts. James trouvait Cliff Bastin qui mettait le ballon au fond des filets. Il a représenté Arsenal plus de 350 fois, et il est resté le meilleur buteur de l’histoire du Club pendant plus de 60 ans. Malgré ces stats impressionnantes, il n’a jamais plus marqué après ses 27 ans, à cause de la seconde guerre mondiale. A la fin des hostilités, il pouvait à peine courir à cause d’une blessure à la jambe et a été forcé de prendre sa retraite.

Garçon silencieux et excessivement confiant en ses capacités, Cliff Bastin a montré des qualité pour le football dès le plus jeune âge. Enfant il représente son école du Devonshire, près de sa ville de naissance Heavitree en Exeter (sud ouest de l’Angleterre). Il faisait un apprentissage pour devenir electricien lors de sa dernière année scolaire, mais ça devenait vite évident qu’il ne passerai pas sa vie à bidouiller des câbles électriques. Le Club d’Exeter City le signe à l’âge de 16 ans, et en Avril 1928 il devient le plus jeune joueur de leur histoire à jouer pour l’équipe première, alors âgé de 16 ans et 45 jours. Il réussit même a marquer un doublé pour son premier match à domicile. En Janvier 1929, Herbert Chapman était parti à Exeter observer un joueur de Watford, Tommy Barnett.

Un jeune ‘Boy’ Bastin

Bien qu’il soit venu voir jouer Barnett, l’œil de Chapman a tout de suite repéré l’ailier de 16 ans. Chapman venait juste de signer James, dont il connaissait la grande qualité de passe. En Bastin il voit un virevoltant ailier avec une très grande vitesse et un grosse frappe de balle des deux pieds. (Il frappait le ballon si fort que vers la fin de sa carrière, les très lourds ballons de l’époque disloquaient le cartilage de son genou à la mi temps). Chapman était impressionné et ira lui rendre visite personnellement en Avril 1929. Ca lui a pris du temps pour convaincre le jeune joueur de quitter son Exeter natal. Il était proche de chez lui, vivait bien et ne voyait pas l’intérêt de déménager vers la capitale.

Finalement il accepte, Arsenal paye £2.000, une grosse somme pour un jeune joueur de 17 ans, qui n’a joué que 17 matchs officiels, et n’a marqué que 6 buts. Il rejoint ses coéquipiers lors de la pré-saison 1929-1930, et tout de suite il est surnommé par ses ainé dans le vestiaire « Boy Bastin », étant le plus jeune. On aurait facilement excusé un jeune de 17 ans, arrivant tout juste à Londres, signant dans un grand Club du pays, d’être éblouit par les lumières de la capitale, mais Bastin était différent. Son capitaine Eddie Hapgood le décrivait comme « né pour être un grand ». Calme, réservé, mais jouant au football avec beaucoup de maitrise. Dans son autobiographie, Bastin se décrit comme « flegmatique de tempérament. Je suis rarement exalté ou déprimé. » Bob Wall, grand dirigeants d’Arsenal, arrivé quelques mois avant Bastin se rappelle dans son autobiographie « Cliff était un garçon assez simple. Il avait confiance en ses capacité à tourmenter les défenses adverses et marquer des buts. Et il mettait a exécution ses convictions. »

Boy Bastin grandit vite, et devient un succès dès sa première saison. Il joue ailier gauche, à une époque où le rôle des attaquants consistait à servir le mieux possible l’avant centre, mais à Arsenal les ailiers étaient autant voir plus dangereux. James, le fer de lance des contre attaques, trouvait facilement Bastin ou Lambert. Bastin était connu pour sa puissance de frappe des deux pieds, sa précision et son sang froid dans la surface. C’est la raison pour laquelle très vite il fut le tireur désigné des penalty. Son entraineur Tom Whittaker disait de lui « il avait un une caractéristique que peu de nous avions; des nerfs d’un froid glacial ».

Cela s’est montré crucial lors de la demi finale de la FA Cup 1930, lorsque Arsenal rencontre Hull City. L’équipe de seconde division mène contre toute attente de 2 à 0 après une demi heure. Les Gunners perdent leurs nerf, dans la poursuite de leur premier trophée majeur. David Jack en réduit l’écart et à la 89 minute, Bastin égalise. calmement il met le ballon au fond des filets. Eddie Hapgood raconte dans son autobiographie « On lui a tous sauté dessus, mais après son but il n’a pas changé d’un cheveu … c’était le joueur le plus tranquille que je n’ai jamais vu. » Son partenariat avec James deviendra légendaire. Dans le car pour Wembley lors de la finale en 1930, Bastin et James parlaient tactique.

Cliff Bastin et à sa droite Alex James, les deux stars de l’époque

James prend délibérément Bastin sous son aile, et une solide amitié se forgea entre les deux. James prenait Bastin pour lui demandé par exemple, si Arsenal obtenait un coup franc près de la ligne de touche, qu’il lui donnerait, puis que Bastin la remette a James alors démarqué et que l’écossais frappe. C’est exactement comme ça que James marque le premier but de cette finale qui sera gagné 2-0. Le premier titre majeur de l’histoire d’Arsenal. Bastin marquera 6 buts cette saison en FA Cup. A l’âge de 19 ans, Bastin aura gagné le titre de champion, la FA Cup et aura fait ses débuts en sélection. Peu de joueur de 19 ans peuvent se venter de tels débuts. Dans son livre, Jeff Harris (journaliste) écris « il était environ a 10 mètres de sa ligne de touche, pour que son talent puisse profiter un maximum à celui de James ».

Sa dextérité signifiait que même si un ailier cherchait à l’enfermer le long de la ligne de touche, il restait à l’aise balle au pied. C’était incroyable à l’époque de voir un droitier à gauche. Bastin gagnera 4 titres de champion en 5 ans, entre 1931 et 1935. Il finit meilleur buteur en 1933 (avec 33 buts) et 1935 (15 buts). Mais en 1934, George Allison le manager réalisé le souhait du défunt Herbert Chapman en signant Ted Drake au poste d’avant centre. Soudainement Bastin n’était plus le danger numéro un d’Arsenal, et ça le perturbait. Drake dira plus tard à Spurling dans son livre « j’ai senti que ça ne lui avait pas plut qu’Arsenal me signe. J’ai été ennuyé de lire dans son autobiographie qu’il ne me considérait pas comme un grand attaquant. »

Cependant, ça n’empêcha pas les deux à former un bon duo sur le terrain, symbolisé par le centre de Bastin pour Drake lors du but crucial et victorieux de la FA Cup en 1936. Mais en 1936, Bastin contracte une infection à l’oreille. Un mal qui frappait beaucoup de footballeur à l’époque, les ballons étaient de vrai boulet de canon, très lourds et durs, et les joueurs souffraient de multiples traumatisme après quelques années de carrière et de nombreuses têtes. Bastin est devenu de plus en plus sourd. Sa surdité associé à sa confiance en lui, il a souvent été pris pour quelqu’un de froid. Drake n’était pas la seule personne déçue par son autobiographie sortie en 1950, écrite par le fameux historien du football – et d’Arsenal – Brian Glanville, alors âgé de 19 ans. Il y critique Bryn Jones, dont le passage à Arsenal aura été un échec. Un critique a dit après lecture de son livre « il est clair que Bastin aime beaucoup Bastin. » Brian Glanville répondra au critique que cette réputation d’arrogance était lié à sa surdité « il vivait dans un cocon psychologique, augmenté par sa surdité. Il était remarquablement auto-suffisant. » Mais Bastin était aussi capable de faire l’éloge de ses coéquipiers de l’époque. A propos de l’ailier droit de l’époque – Jack Lambert – « Jack était un des plus fin footballeurs que j’ai jamais vu ».

En 1937-38 Bastin se blesse à la jambe, une blessure qui aurait pu terminer sa carrière, mais il jouera quand même en sélection lors de la fameuse victoire 6-3 contre l’Allemagne Nazi en Avril 1938, où il ouvrira le score. Ce match est connu comme celui où les joueurs anglais avaient fait le salut nazi avant le coup d’envoi. Un incident diplomatique majeur à une époque où les anglais avaient une politique d’apaisement et cherchait à éviter les conflits. Le Gouvernement allemand avaient demandé aux joueurs anglais de saluer Hitler ce qui avait été accepté (à contre cœur) par l’équipe anglaise, mené par le capitaine d’Arsenal de l’époque Eddie Hapgood.

Lorsque la seconde guerre mondiale éclate, Bastin n’avait que 27 ans. Il n’a pas été appelé à aller au front parce qu’il n’avait pas réussit avec succès les tests auditifs. Donc il a servit à Highbury qui était devenu un abris lors des raid aériens. Il jouera pendant la guerre 250 matchs amicaux, mais aucun des buts marqué n’est comptabilisé dans les statistiques. D’ailleurs pendant la guerre il est l’objet d’un incident étrange : en 1941 la radio fasciste de Mussolini révèle que les allemands ont capturé le fameux footballeur Cliff Bastin en Crête, malgré le fait qu’il n’avait pas quitté l’Angleterre! Lorsque les hostilités ont pris fin, il avait 33 ans, n’arrivait même plus à entendre le bruit de la foule, et arrivait a peine à courir à cause de sa blessure à la jambe. Il prend sa retraite en Janvier 1947, après avoir joué 6 matchs en 2 ans. Il finit sa carrière après 29 sélections, 5 titres de champion, 2 victoires en FA Cup. Il a marqué 178 buts en 395 matchs pour Arsenal et est resté le meilleur buteur de l’histoire du Club jusqu’en Septembre 1997. Il reste aujourd’hui le 3ème meilleur buteur de l’histoire du Club, derrière Ian Wright et Thierry Henry.

Cliff Bastin en 1946

Les statistiques de Bastin sont d’autant plus remarquables qu’il termine sa carrière à 27 ans. Si il n’y avait pas eu la guerre, il aurait surement rivalisé avec les 228 buts marqués par Henry. Dans nos standard actuels, Bastin serait probablement qualifié d’ailier moderne. Il ne collait pas à la ligne de touche comme le faisait ses contemporains, il était à l’aise des deux pieds mais jouait sur le côté gauche afin de rentrer dans l’axe et frapper au but du pied droit. Il n’était pas un joueur excessivement fin, il finissait ses occasion avec la finition nécessaire, en force ou en finesse. Les statistiques en terme de passes décisives n’existent pas pour son époque, mais il aurait sans aucun doute atteint des sommets dans ce domaine également. Le gamin de Devon, venu à 17 ans pour écrire l’une des pages les plus glorieuse d’Arsenal, retourne chez lui après sa retraite où il devient gérant d’un pub. Il meurt en 1991, à l’âge de 79 ans. Sa veuve, Joan a vécu jusque l’âge de 96 ans, elle est décédée en Avril dernier. L’héritage de son mari est toujours reconnu, il a été voté 18ème plus grand joueur de l’histoire d’Arsenal sur le site officiel.