source : Telegraph le 15/02/14

Il y a quelques années, deux fans d’Arsenal mélomanes, à Charlie George – le héro aux cheveux longs de la finale de FA Cup de 1971. « Have I seen Jesus Christ back on Earth? No, it’s Charlie lying flat on the Wembley turf. »

Demain les Gunners affronteront à nouveau Liverpool et FA Cup, l’occasion de se rappeler aux souvenir d’une des plus grandes finales de la compétitions. « Ne me demandez pas de me coucher sur le sol! » blague Charlie. « Je serai jamais capable de me relever! » Âgé de 63 ans, George garde la même bonne humeur, la même passion pour ce Club qu’il supportait à Highbury avant d’en devenir un joueur emblématique, notamment grâce à ce fameux but, et la célébration qui a suivit. « Ca a été voté la célébration la plus fameuse de la compétition. J’aurai du faire la pub Hamlet pour les cigares, couché sur le sol en train de fumer! »

Il n’avait que 20 ans à l’époque. La veille, Bertie Mee, le manager de l’époque, emmène ses joueurs pour une marche sur ce terrain sacré du vieux Wembley. « On s’est promené un peu, l’occasion pour les plus jeunes comme moi, Ray (Kennedy), Eddie (Kelly), et Pat (Rice), de se familiariser avec le terrain, nous qui n’avions pas encore joué de finales à Wembley. »

Le lendemain, c’est décidé, Arsenal jouera en jaune. « Liverpool a gagné le toss pour décider qui portera le rouge. Emlyn Hughes (joueur de Liverpool à l’époque), qui n’est plus de ce monde, paix à son âme, m’a toujours dit qu’on les avait battu parce qu’ils avaient des maillot plus épais, mais on portait le même maillot pendant toute l’année, c’était pas comme aujourd’hui des maillots qui vous aidaient à respirer. On avait joué en jaune en demi finale contre Stoke, quand j’ai donné le but à l’adversaire, et que John Ritchie a marqué, un autre gars qui n’est plus de ce monde, paix à son âme. Pour moi, rouge et blanc, bleu et jaune, c’était Arsenal. »

Charlie se rappelle aussi d’un rituel personnel avant les matchs. « J’étais généralement malade avant les matchs. J’avais beaucoup d’acide dans mon estomac. Je n’ai jamais vraiment beaucoup manger, parce que je ne pouvais pas le garder, et je n’ai pas pu fumer une cigarette avant la finale. J’étais tendu. Mais une fois que j’étais sur le terrain, ça allait mieux. »

Bertie Mee et Bill Shankly mènent leurs joueurs sur le terrain sous le soleil de Londres, puis le Duc d’Édimbourg se voit présenter chaque joueur. John Radford lui dit alors « Salut le Duc, voilà le Roi Charlie » en montrant George qui se marre. « C’était Big Raddie! C’était un bon joueur. Il courrait toute la journée pour vous. Il n’a jamais eu le crédit qu’il méritait. Pour moi c’était l’homme du match. Raddie était au-dessus, mais ils ont donne l’homme du match à George (Graham) parce qu’ils ont cru que c’était lui qui avait marqué sur le but d’Eddie. »

0-0 à la fin du temps réglementaire. Puis Liverpool marque en première mi temps des prolongations par Steve Heighway. Eddie Kelly égalise dans la foulée. Puis à la 111ème minute vient le but de Charlie George. « George Graham fait une tête au niveau de la ligne médiane suite au dégagement de Ray Clemence, puis je donne le ballon à Raddy. Il avance vers la surface, il m’a dit plus tard : ‘Ca servait à rien que je tire, je n’aurai pas marqué, donc je l’ai donné à Chas. Ca m’a fait une passe déc! Donc Raddy m’a redonné le ballon.

Une de mes forces c’était que je pouvais marquer sur des frappes de loin. C’était un don de Dieu. Je marquai des buts de 40-45 mètres – et c’était avec de vrais ballons de foot, pas les ballons de plage d’aujourd’hui! »
 Cette fois c’était à 25m du but. « Dès que je l’ai frappé, je savais qu’elle irait au fond. Big Larry Lloyd, avec qui j’ai joué plus tard à Nottingham Forest, me disait toujours qu’il l’avait déviée. Mais si vous regardez le ballon, il n’a jamais été dévié. Le ballon va tout droit. Si Ray l’avait touché, le ballon lui aurait cassé la main de toutes façons. Pour moi, ce n’était pas le plus beau but de tout les temps, mais il est rentré et c’est le principal. »

la fameuse célébration

Et là George tombe au sol, bras écarté, puis dresse sa tête. Une célébration unique? « Non! J’avais fais exactement la même à Maine Road, quand j’avais marqué au 5ème tour. Revoyez les vidéos! Alors que j’étais couché au sol, je me suis dressé pour regardé Malcom Allison, le coach de Man City. » Pourquoi? « He bien, Frank McLintock est venu dans le vestiaire avant le match et a dit ‘j’ai parlé à Malcom et il pense que vous êtes merdiques!’. Quand le match a commencé, j’étais le meilleur joueur. Et c’est pour ça que j’ai regardé Malcolm.

Après le match, j’ai couru dans le tunnel, insulté Malcom. Il ne savait pas ce qui se passait. Frank a du aller le voir et lui a dit: ‘Désolé Malcolm, j’ai juste énervé Charlie. Je lui ai dis que tu disais qu’il étais pas bon’. Il a répondu ‘merci!’. Frank était comme ça, il savait comment vous motiver. C’était le meilleur capitaine que j’ai jamais eu. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec un tel enthousiasme et une volonté de gagner comme Frank McLintock.

C’est drôle. Frank a fait une de mes visites (Charlie George est guide pour l’Emirates Tour) dimanche dernier, avec ses petits enfants. Je leur ai dis que quand on avait gagné ce premier trophée (la Fairs Cup) en 1970 contre Anderlecht, on l’a fait pour Frank. Il avait fait des finales avant avec Arsenal et Leicester, et n’a jamais gagné. Wembley c’était aussi pour lui, car c’était un si grand leader. »

Bob McNab se rue sur le N°11 couché au sol, puis McLintock, et George continue sa célébration. « Après Bob et Frank, Big Raddie essaye de me relever et me dit ‘lève toi mon vieux, il reste 8 minutes à jouer’. Il a du le dire avec des mots un peu plus persuasifs que ça! » Et pourquoi? C’était différent de ses autres célébrations, comme lorsqu’il a marqué contre le Real Madrid en 1975 avec Derby County, et qu’il envoie des baisers avant de lever les poings (il marquera 4 buts contre le grand Real). « Il y a seulement deux joueurs qui ont marqué 4 buts contre le Real en Coupe d’Europe, Robert Lewandoski et moi. Et en plus j’avais la chaussure droite de Bruce Rioch, parce que sur le premier tacle, Vicente del Bosque m’a découpé la chaussure en deux! »

« Mais j’étais un showman, probablement. Il y a une photo dans les journaux où je suis assis sur un trône déguisé en roi! Quand on pense à nos salaire à l’époque! Je gagnais que £100 par semaine quand j’ai gagné le doublé. Ma copine à l’époque gagnait plus que moi, mais je faisais quelque chose que j’aimais. Je n’étais pas une star. J’étais juste un gars du coin. J’étais comme les autres. J’étais élevé dans une famille de la classe ouvrière, dans un appartement, fier d’où je venais, et mon père était sévère. Je suis né à Tufnell Park, a 5 min d’ici. J’avais 5 ans quand j’ai vu Arsenal pour la première fois. Je me mettais debout sur un cageot, dans la Clock End. En grandissant, j’ai commencé à voir les matchs vers la West Stand, puis en North Bank quand j’avais 9 ans. Mon héro c’était David Herd, bon joueur, attaquant, il est allé à Man Utd. Je l’ai vu marquer un hat trick un jour contre Man City. On les avait battu 5-4.

J’adore regarder Arsenal. J’ai manqué un match avec la Reserve un jour, alors que j’étais un jeune joueur, parce que je suis allé avec mes amis voir Arsenal jouer à Bristol Rovers. J’ai téléphoné au Club et j’ai dis ‘j’ai la grippe, je pourrai pas venir’. Je suis parti en train avec mes amis de la North Bank. J’ai une photo où l’on est tous ensemble, dans la rue à Bristol, avec un drapeau d’Arsenal. »

« Les Spurs étaient la dernière équipe à avoir fait un doublé, donc ça voulait dire beaucoup pour nous. » Une semaine avant cette finale, les Gunners ont arraché le titre de champion d’Angleterre chez l’ennemi juré, à White Hart Lane. « On est arrivé là-bas à 17h45, et il y avait au moins 100.000 personnes dehors. Il y avait plus de supporters d’Arsenal que des Spurs dans le stade! Je connais des gens qui sont rentrés, se sont fait viré, et sont rentré à nouveau ensuite. C’était incroyable. » Ray Kennedy marque le but vainqueur, et au coup de sifflet final, l’envahissement du terrain était inévitable, et les joueurs étaient déchaussés, et déshabillés. « Etant un gars du coin, je savais ce qui se passerait. Donc j’étais un des premiers à aller au vestiaire!\ »

Charlie George Legends Tour. Emirates Stadium, Arsenal Football Club, London, 21/7/2014. Credit: Stuart MacFarlane / Arsenal Football Club.

Mais retour à Wembley, et la signification de ce geste. Est-ce que c’était une nouvelle provocation envers le strict Bertie Mee? « On se détestait. On clashait. Je n’avais besoin de personne pour me dire comment jouer. Je le savais. » En 1975 Mee a dû se débarrasser de George, il est vendu à Derby County. « La semaine d’après, le Chairman Denis Hill-Wood fait un grand interview dans la presse pour expliquer pourquoi ils m’ont laissé partir. Bertie est partie à la fin de l’année. Il a eu beaucoup de succès à Arsenal pour être honnête. Mais Don Howe [son assistant] était un grand coach. »

Selon Howe après le match, George s’est couché car il était crevé. « J’étais fatigué mais pas plus que les autres. » Donc la réalisation d’un rêve? Gagner une FA Cup « La Coupe n’est plus aussi importante qu’avant pour les joueurs actuels, mais ça a toujours été important pour moi, et pour les fans. » Bon alors, c’était quoi la vérité? « C’était pour gagner du temps! Les fans de Liverpool étaient super, ils nous ont applaudit en sortant du terrain. Un des premiers à venir nous féliciter c’était Bill Shankly. Il m’a félicité. Shanks était génial. Il aimait le football. »

Et pour le match de dimanche, son avis? « Ce sera très difficile, surtout après le match de dimanche dernier. J’étais à Anfield, et Liverpool a très bien joué contre nous. J’étais en fait parmi les fans de Liverpool. Après le match, j’ai sauté dans un taxi et le conducteur était un fan d’Everton. ‘J’espérais que vous gagneriez 6-5’ qu’il m’a dit. »

George retourne finalement faire le guide, toujours une anecdote à raconter aux fans qu’il rencontre. Il en raconte une dernière, lorsqu’Arsenal à l’occasion de gagner le doublé en 1998. Il va à Wembley avec sa fille Kaana pour la finale contre Newcastle. « Le Clubs nous a offert les billets. Et ma fille me dit: ‘Papa! Regarde les numéros des sièges: 70-71′ »

Résumé du match