source : FourFourTwo article de Jon Spurling en Mars 2020

En 2001, l’ancien milieu de terrain anglais est décédé après avoir perdu sa bataille contre la maladie (lymphome non hodgkinien). Jon Spurling explique comment ce joueur est devenu une icone pour les fans d’Arsenal.

Le terme d’icone d’Arsenal a tendance à se classer dans deux catégories différentes : soit c’est leur palmarès au Club, ou alors c’est ce qu’ils représentaient et la familiarité entre les valeurs de ce joueur et celles du Club. Très peu de joueurs rentre dans ces deux catégories, mais le très populaire David Rocastle, décédé du cancer il y a 19 ans est l’un d’eux.

« Rocky » fait ses débuts à Arsenal contre Newcastle en Septembre 1985. Il est le premier d’une longue série de jeunes joueurs de sa génération à être lancé en équipe première – avec notamment Martin Hayes, Niall Quinn et Martin Keown – par l’entraineur Don Howe alors sous pression. Rocastle a un impact immédiat sur l’aile droite, capable de rentrer dans l’axe, et avec la capacité à la fois de coups d’éclats individuels comme de mettre en avant ses coéquipier dans un jeu collectif.

Mais il ne peut empêcher à l’époque les Gunners de sortir du bourbier dans lequel ils étaient. Ce match 0-0 contre Newcastle symbolisait bien cette période, mais la performance de Rocastle à ses débuts a enthousiasmé les fans d’Arsenal présent à Highbury. Pourtant pendant le reste de la saison sa présence sur le terrain est inconstante, mais dès que son nom était annoncé les supporters étaient ravis.

Le jeune Rocastle élu joueur de l’année par les fans en 1986, avec Peter Hill-Wood

Don Howe démissionne au mois d’Avril de cette saison en 1986 et il est remplacé par George Graham qui a fait de Rocastle un titulaire. L’écossais était adepte de la fraîcheur et de l’énergie des jeunes joueurs, et Rocky au poste de milieu droit était alors le symbole d’une équipe qui allait dominer la première division de nouveau. « Notre force c’était la vitesse et l’élément de surprise. Avant Noel, Martin Hayes, Perry Groves et Rocastle ont pénétré les défenses. Malheureusement ils se sont éteint un peu après Noël » explique George Graham lors de la saison 1986/87.

C’était le cas en championnat, mais pas en Littlewoods Cup (Coupe de la Ligue) où Rocastle marque le but vainqueur lors du replay de la demi finale contre Tottenham à White Hart Lane. Grâce à ce but Arsenal retrouve Wembley après 7 ans d’absence. On était dans les toutes dernières minutes d’un match qui se dirigeait vers le score de 1-1 quand Rocastle marque après une frappe de Ian Allinson. Les très nombreux fans d’Arsenal présent ce jour là sont fou de joie, tout comme Rocastle. C’est le renouveau d’Arsenal, avec plus tard une victoire contre Liverpool en finale et le premier trophée des Gunners en 8 ans.

Pendant les années qui suivent, certains des jeunes, comme Hayes et Quinn peinent à garder leur place, mais pas Rocastle, ni Paul Davis et Mickey Thomas, les jeunes du sud de Londres s’endurcissent en s’obstinent. Avec son physique de boxer poids moyen, « Rocky » est très combatif pour un ailier, comme se rappelle Tony Adams : « David était plus que capable de mettre le pied quand c’était nécessaire, il était immensément costaud, avec des cuisses comme des troncs d’arbre ».

Quand on revoit des bagarres légendaires de cette époque, Rocky est généralement dans le coup. A Old Trafford en Février 1987, il est expulsé après avoir réagit face à l’approche robuste du très rugueux Norman Whiteside. « Peu de joueurs ont osé se venger comme il l’a fait » se rappelle Whiteside. « Mais David n’avait aucun problème pour me montrer qu’il n’allait pas se laisser faire ». En 1989 à Millwall, on peut entendre Rocastle crier son mécontentement sur l’arbitre. En 1991, Rocastle se retrouve au milieu de la fameuse bagarre générale à Old Trafford qui a couté 2 points à Arsenal. Il a raconté à Amy Lawrence pour le livre Proud to say that name : « On allait là-bas et on se serrait les coudes. A Arsenal, on ne commençait jamais les bagarres, on les finissait. »

Rocastle en 1992 à Old Trafford

Bien qu’il n’était pas un buteur très prolifique (23 buts en 228 matchs), beaucoup de ses buts restent dans les mémoires. Son but sublime à Anfield en Coupe de la ligue en Automne 1988 par exemple, il contrôle le ballon et le frappe avec puissance en un seul mouvement très rapide. Son lobe à Villa Park quelques semaines plus tard. Son raid solitaire contre Middlesbrough pendant la campagne 1988/89.

Excellent dribbleur, Rocastle raconte dans le magazine Shoot qu’il a une unique habileté pour « positionner différemment son torse par rapport à ses jambes » pour feinter les défenseurs. Et c’est évident dans son slalom à travers la défense de Man Utd avant son merveilleux lobe sur Peter Schmeichel à Old Traddord lors de la saison 1991/92.

Après deux saisons perturbées par les blessures, Rocastle revient fort pour aider son ami la recrue Ian Wright à remporter le titre de joueur de l’année. Alors qu’il n’avait que 25 ans et avec une belle carrière devant lui à Arsenal, George Graham décide de s’en séparer et le vendre à Leeds pendant l’été. Un crève cœur pour Rocastle et pour les fans. Difficile de comprendre la décision de Graham, mais il a laissé penser que le genou de Rocastle allait devenir un problème sur la durée, ce que le joueur a nié. Et avec le départ de Rocky, l’Arsenal de George Graham perd de sa superbe. « J’étais revenu pour la pré-saison, et la vie au Club n’était plus aussi belle sans David » raconte son coéquipier Perry Groves.

Rocastle célèbre le titre de 1991 avec Kevin Campbell, Mickey Thomas et Paul Davis

Dans les 8 années qui ont suivit son départ du Club, Rocastle n’a jamais réellement retrouvé la forme qu’il avait à Arsenal. Que ce soit à Leeds, Man City, Chelsea, Hull et Norwich il vie une seconde partie de carrière contrastée. Il va jouer en Malaisie avant de prendre sa retraite à 32 ans avec le projet de devenir entraineur. Malheureusement il est emporté par la maladie et décède le 31 Mars 2001.

Les fans d’Arsenal ainsi que ses anciens coéquipiers – Keown, Adams, Seaman – lui rendent hommage à Highbury juste avant le Derby du Nord de Londres, et le chant « Rocky, Rocky, Rocky, Rocky, Rocastle » raisonne dans le stade. Un chant qui est toujours entonné par les fans, à domicile comme à l’extérieur.

Rocky symbolise le retour sur le devant de la scène d’Arsenal avec son but à White Hart Lane. Il symbolise aussi l’état d’esprit de l’équipe de l’époque (fin des années 80s, débuts des années 90s) : joueur formé au Club, avec l’amour du maillot, travailleur, talentueux, vif et solidaire avec ses coéquipiers dans l’adversité. David Rocastle était l’un d’entre nous, et reste un des enfants favoris du Club.