Sources : multiples, Rebel for the Cause (Jon Spurling)

L’écossais, surnommé ‘Wee Alex’ (Mini Alex), était petit par la taille mais grand par le talent. Un physique souvent moqué car en plus de son gabarit il portait un short exagérément grand. Il souffrait de rhumatisme et portait donc des collants pour le protéger du froid. Malgré ça il est devenu une icône du football et d’Arsenal grâce à la qualité de ses passes, de ses contrôles, de ses frappes, un des premiers footballeurs décris comme un artiste. Non seulement ses passes étaient précise mais il possédait une remarquable vision du jeu. George Allison, l’entraineur qui a pris la succession d’Herbert Chapman avait dit de lui « Personne ne frappait le ballon comme lui. Il laissait l’adversaire complètement bouche bée« .

Né en 1901 dans la campagne écossaise, James commence sa carrière à Raith Rovers, un Club qu’il quitte en 1925 pour le Club anglais de seconde division Preston North End. Il gagne vite une réputation de joueur créatif de qualité mais après quelques années il se heurte à la direction de son Club concernant ses demandes salariales et la volonté du Club de ne pas le libérer pour jouer en sélection. Il avait un caractère affirmé, mais en 1929 Herbert Chapman n’hésite pas à le signer. En plus de sa rémunération de £8 par semaine qui correspond aux plus gros salaires, le manager des Gunners lui trouve un job au London’s Selfridges department store pour £250 par an. Il s’était aussi fait connaitre lors de ses rares apparitions en sélection, notamment lors d’un match à Wembley contre l’Angleterre remporté 5-1 en 1928. Alex James marque 2 buts et les médias avaient surnommés les écossais à l’occasion les « Wembley Wizards » (les magiciens de Wembley).

Alex James aux couleurs d’Arsenal avec son long short

Sa première année n’est pas convaincante, perturbé par des blessures dont la guérison est ralentie par ses problèmes de rhumatisme. Chapman avait declaré sur ses début à Arsenal « il avait ses idées de comment il devait jouer, mais elles ne convenaient pas avec celles que l’on favorisaient, et il était nécessaire pour lui de faire quelques changements ». Malgré tout, James marque lors de la finale de la FA Cup en 1930, un date importante dans l’histoire du Club car c’est le premier trophée d’Arsenal de son histoire. Eddie Hapgood se rappelle du but « Alex obtient une faute près de la surface adverse, et presque avant que le ballon s’arrête de rouler, il joue le coup franc. Il donne rapidement le ballon à Cliff Bastin, qui lui remet en bonne position et il frappe la balle au fond des filets d’Huddersfield. C’était très malin et c’était le premier but de cette finale très importante. » Le second but marqué par Jack Lambert était aussi la conclusion d’un mouvement initié par James.

La saison suivante, Alex devient la figure emblématique de l’attaque des Gunners, qui révolutionne le football avec un positionnement bas de l’écossais pour alimenter ses coéquipiers Cliff Bastin et David Jack. Le jeu d’Arsenal était direct et précis, lorsque le ballon était récupéré par la defense, ils le donnaient à James qui cherchait ses ailiers entre les lignes adverses. Il est le premier dans ce rôle que l’on qualifierai aujourd’hui de numéro 10. Lors de cette saison 1930-31, Alex James est donc la star d’un Arsenal qui remportera le premier titre de champion de son histoire. La saison suivante, son importance est exacerbée lorsqu’il se blesse, Arsenal marque le pas et finit second derrière Everton. Sa course à la guérison est suivie publiquement afin de pouvoir participer à la finale de la FA Cup de 1932 contre Newcastle. Il parvient finalement à se rétablir à temps, mais un dernier tacle le blesse au genou et le prive de la finale. Selon certaines sources c’est un journaliste qui en courant glisse et le fauche, d’autres disent que c’est le coach Tom Witthaker qui pour tester son genou décide de le tacler. Bref, Arsenal sans son magicien perd la finale.

Victoire en FA Cup en 1936, Eddie Hapgood à sa droite, Joe Hulme et le Manager George Allison à sa gauche

Il fait son retour pour la saison 1932-33, Arsenal survole son championnat et remporte le titre avec un record de 127 buts marqués. A l’époque on ne retenais pas officiellement le nom des passeurs décisifs mais il en aurait réalisé une cinquentaine. C’était un passeur plus qu’un buteur, avec seulement 27 buts marqué en 261 apparitions, mais le nombre de passes décisives devait être astronomique. Il était le métronome de cet Arsenal, une des meilleures équipes de l’histoire du football.

Lors de la saison 1933-34, James manque plus de la moitié de la campagne pour blessure. Les Gunners parviennent tout de même à finir champion mais cette fois avec seulement 75 buts marqués. La saison suivante, Tad Drake marque 42 buts dont une grande partie aidé par les passes décisive d’Alex James, et Arsenal remporte son troisième titre de champion de suite. Mais l’écossais prenant de l’âge et gêné par les blessures, ses apparitions deviennent moins fréquentes, et c’est aussi la fin du règne des Gunners sur la scène nationale. Il sera tout de même capitaine lors de la finale de la FA Cup 1936 victorieuse. En 1937 il prend sa retraite après une blessure de trop. Il sert alors l’artillerie royale lors de la seconde guerre mondiale, et se reconvertit comme journaliste avant de revenir à Arsenal en 1949 comme coach chez les jeunes jusque sa mort à l’âge de 51 ans d’un cancer. En 2005 il rentre dans le Hall of Fame du football britannique.

Alex James aux côtés d’Herbert Chapman et Tom Whittaker

Ce n’était pas seulement son talent qui en a fait un joueur à part, c’est son style atypique pour l’époque qui a participé à inspirer ce sport et beaucoup de passionnés. Il était aussi quelqu’un de très proche du peuple, partageant régulièrement une pinte avec les supporters, parfois jusqu’à l’aube les veilles de matchs. Son comportement caractériel et individualiste pouvait poser problème mais Chapman a très bien réussit à le gérer en lui accordant certains privilèges. Les relations entre les deux étaient pas toujours facile, souvent pour des problèmes d’argents. Mais Chapman savait que c’était une star, un joueur qui faisait vibrer les foules par son talent, et qu’il méritait d’être traité différemment. Mais il y avait beaucoup de respect entre les deux, lorsque Herbert Chapman décède subitement, Alex James déclare : « Il était selon moi le seul vrai génie que le football n’ait jamais connu. Un homme d’âge mûr, avec toujours le sourire, la veste retirée, les manches de sa chemise remontées … c’était une personnalité dynamique, a leader d’hommes. Je n’aimais pas la façon dont Chapman faisait certaines choses ; pareil pour lui avec moi. Donc on s’est toujours querellé, sans jamais lâcher, tous les deux trop têtus pour considérer l’opinion de l’autre. »

Alex James et Cliff Bastin, les deux stars de l’Arsenal des années 30

Il a gagné le respect de beaucoup de grands noms du football qui l’ont vu jouer, Stanley Matthews par exemple a dit de lui « Alex donnait les munitions pour ses Gunners, il était considéré comme un des plus fûté tacticiens de son époque. Ce n’est pas une éxagération que de dire qu’Herbert Chapman a construit sa grande équipe autour de lui. L’Arsenal de l’époque était une équipe d’un talent rare, et Alex James en était le cerveau, bien qu’on ne s’imaginerait pas ça en voyant son visage … beaucoup disaient que son apparence nonchalante était sa nature, d’autre pensaient que c’était un masque, mais c’était en vrai décalage avec son intelligence exceptionnelle sur le terrain. Il détestait les efforts inutiles, c’était pour lui synonyme d’un manque de talent. » Frederick Wall, ancien président de la fédération anglaise, estime que c’est le meilleur joueur qu’il ait vu en 50 ans « Alex James n’était jamais en difficulté. Il pouvait parfois montrer son intention, mener un adversaire sur la mauvaise piste, garder la balle pour provoquer un tacle, ou faire toute sorte de geste complètement inattendu en un instant, mais il semble jamais se soucis de ce qui pourrait lui arriver. Il était le plus grand de tous les grands joueurs de son époque, et selon moi, il aurait été encore plus grand dans une période où le football était mieux organisé, plus collectif et discipliné. » Et bien sûr Cliff Bastin, son fameux coéquipiers qui a tant bénéficié de ses passes : « Dès que l’on discute avec d’autres passionnés des meilleurs joueurs du passé, son nom est toujours évoqué. Et parmi les supporters d’Arsenal, les souvenirs de cet homme de petite taille au short qui descend jusqu’aux mollets et au maillot trop grand resteront gravé dans les mémoires jusque la toute fin. »

En 1949 à Highbury lors d’un jubilé